une guerre nouvelle fut résolue contre la Corse. Marius Claudius, lieutenant de Licinius, partit et ne tarda pas à prendre terre dans l'île. Là, se voyant à la tète d'une armée respectable, il se croit en état de soumettre les insulaires avec lesquels il ne tarda pas à engager le combat. La victoire ne demeura pas longtemps incertaine, et les troupes de Claudinus, assaillies de toutes parts, étaient au moment d'être taillées en pièces, lorsque la présence de Licinius vint mettre la victoire du côté des Romains.
d'entreprendre de nouvelles expéditions contre cette île. Prévoyant que
les Corses parviendraient tôt ou tard à secouer le joug de l'étranger
et lui feraient toujours subir des pertes considérables, le sénat
ordonna, en 590, l'envoi d'une armée consulaire pour les réduire à
jamais. Le consul, M. Tarentius Talno, fut placé à la tête de
l'expédition. La victoire resta aux Romains, et Talno mérita les
honneurs du triomphe. A la suite de cette longue et pénible lutte, la
paix générale fut enfin conclue, et la Corse cessa d'être indépendante. Marins
et
Sylla
y fondèrent des colonies, et le premier fit bâtir, à
l'embouchure du Golo, une ville q ni fut appelée Mariana du nom de son
fondateur. Cette époque (de 660 à 673) apparaît comme une des plus
brillantes de l'histoire de la Corse.
certaine liberté tant que Rome fut libre ; mais, depuis la dictature de
Jules César, elle perdit, comme le reste du monde, le droit de
s'administrer elle-même. Elle reçut aussi un préteur ou préside qui
représentait le despote de la métropole. Sous l'empire , elle partagea
le sort commun. Pendant la domination de Claude
Sénèque le philosophe
exilé en Corses fut confiné sur la pointe du Cap-Corse, où il paraît
avoir habité une tour qui a conservé son nom. Lors de l'affaiblissement
de l'empire et de la résolution de Dioclétien de le partager avec
Maximien,
l'île de Corse resta sous le gouvernement du premier (202).
Elle servit ensuite d'asile, avec la Sicile et la Sardaigne, aux
Romains qui fuyaient devant les Goths conduits par Radagaise, et tomba en 457 sous la puissance redoutable de
Genséric.
Les Vandales
exercèrent dans cette île toutes sortes d'atrocités. Ils en furent
chassés après une domination de soixante-dix-sept ans. Les Grecs leur
succédèrent ; mais ceux-ci furent contraints d'abandonner à leur tour
le pays à Totila.
Narsès
qui détruisit la
puissance des Goths, firent rentrer la Corse sous la domination
impériale. Les habitants furent très malheureux à cette époque. Il y
eut un moment où la tyrannie des agents impériaux n'eut plus de bornes.
Les insulaires ne pouvaient et ne savaient plus se soustraire aux
vexations auxquelles ils étaient en butte qu'en fuyant sur une terre
étrangère.
Saint Grégoire nous apprend que les Corses, abandonnant en
foule leur pays natal, cherchaient un asile sur le continent et
demandaient aide et appui aux ducs lombards. Les charges que leur
imposaient les Grecs étaient. si énormes qu'ils étaient obligés de
vendre leurs enfants pour y satisfaire. Les Sarrasins eurent leur tour
en Corse ; mais leur empire ne fut que de courte durée, et c'est ainsi
que l'île se trouva comprise dans les stipulations que Pépin fit à
l'autorité papale en 754.
Charlemagne
firent donation de l'île à la famille de Boniface, baron
de Toscane. A la mort de l'empereur Hugues, devenu marquis de Toscane
par la mort de Lambert, dernier rejeton de la famille illustre de
Boniface (928), tous les petits barons ou seigneurs des provinces de
l'île devinrent autant de souverains en Corse. Chaque seigneur féodal
eut son gouvernement. Le peuple applaudit d'abord à cette mutation dans
le pouvoir. Ses illusions et ses espérances le rendirent complice d'une
foule d'usurpations qui allaient se commettre en son nom.
pas à s'attaquer réciproquement, chacun nourrissant l'espoir de joindre
à son État les possessions de son voisin. Le pays entier fut bientôt en
combustion. Tous les liens sociaux se trouvèrent brisés ; la loi
n'était plus qu'un vain mot. En cet état de choses, le comte de
Cinarca, le plus puissant des seigneurs insulaires, entra en campagne à
la tête d'une armée considérable. Il avait conçu le projet d'assujettir
tous les barons et de se rendre unique souverain du pays. Au milieu de
ces circonstances désastreuses, le peuple fatigué de souffrir prit les
armes pour son compte. Il mit à sa tête un homme de génie,
Sambacuccio
qui le réunit dans la vallée de Morosaglia, où il fut investi d'une
espèce de dictature (en 1005).
assemblée du peuple fut immense. Le chef de la nation corse fit rentrer
tout le monde dans l'ordre, proclama l'indépendance des communes et
anéantit la féodalité. Sous l'influence de cette révolution, une
organisation remarquable se développa dans l'île. Chaque commune ou
paroisse nommait un certain nombre de conseillers qui, sous le nom de Pères de commune,
étaient chargés de l'administration de la justice sous la direction
d'un podestat qui en était comme le président. Les podestats des
communes de chacun des États ou districts affranchis élisaient un
membre du suprême conseil chargé de faire les lois et règlements. Ce
fut le conseil appelé des Douze, du nombre des districts qui
concouraient à sa nomination. Enfin, dans chaque État ou district, les
pères de commune élisaient un magistrat qui, sous le nom de Caporale,
avait mission de défendre les intérêts des pauvres et des faibles et de
leur faire rendre justice contre les puissants et les riches.
éveilla bien des craintes dans l'île ; et les plus chauds partisans de
Théodore finirent par porter les vœux douleurs compatriotes un peu
partout. Sur ces entrefaites, Gênes venait d'obtenir du cabinet de
Versailles une espèce de médiation armée confiée aux soins du comte de
Boissieux. La présence de l'envoyé de France fut agréable aux
insulaires, persuadés, en général, que le roi leur serait conservé, ou
du moins, que les armes françaises n'avaient point pour but de les
assujettir de nouveau à la république génoise. Mais les choses
changèrent de face, le jour où le comte de Boissieux prit ouvertement
parti pour Gènes. La lutte s'engagea presque aussitôt entre les Corses
et les Français, et nous devons à la vérité de dire que ceux-ci furent
mis par les braves montagnards dans une complète déroute.
irrita Louis XV. Le comte de Boissieux étant mort, le marquis de
Maillebois y fut envoyé pour le remplacer, et on mit sous ses ordres
une force armée assez considérable. Maillebois fut plus heureux que son
prédécesseur : secondé par un certain nombre de chefs corses et surtout
par Hyacinthe Paoli, il soumit enfin l'île. Quoique cette nouvelle
domination eût été imposée par la victoire à des patriotes malheureux
et épuisés, le gouvernement français aurait été aimé par la très grande
majorité des insulaires ; mais la cour de Versailles ne jugea pas à
propos de profiter et de jouir de son triomphe. Soit faiblesse, soit
complication des affaires extérieures, à la suite de la mort de
l'empereur Charles VI, l'ordre fut donné à Maillebois d'évacuer
immédiate- ment l'île et de l'abandonner aux Génois (1741). Il en
résulta une nouvelle prise de possession de la part de Gènes,
représentée par Spinola, et une nouvelle. insurrection de la part des
Corses.
Corse, c'était Pascal Paoli, fils d'Hyacinthe. Simple officier au
service du roi de Naples, il résolut d'aller délivrer sa patrie de la
tyrannie. Arrivé en Corse, on le proclama général de toutes les forces
de la nation. A ce titre, il réunit dans les premiers jours de juillet
1755 une consulte générale, il organisa le gouvernement de l'île et se
prépara à la défense. Paoli se montra dès ses premiers actes à la
hauteur des circonstances : son génie politique pacifia l'île en
quelques années, anéantit la vendetta, unit les chefs des anciens États et éloigna pour toujours du centre de la Corse la maudite domination génoise.
a-t-il dit, le regardait comme le législateur et le vengeur de sa
patrie. Les Corses, ajoute-t-il sur le même sujet, étaient saisis d'un
violent enthousiasme pour la liberté, et leur, général avait redoublé
cette passion si naturelle, devenue en eux une espèce de fureur. » Nous manquerions à la mémoire de Paoli, si nous ne citions de lui les paroles suivantes : « Il
faut que notre administration ressemble à une maison de cristal où
chacun puisse voir ce qui s'y passe. Toute obscurité mystérieuse
favorise l'arbitraire du pouvoir et entretient la méfiance du peuple.
Avec le système que nous suivons, il faudra bien que le mérite se fasse
jour, car il est presque impossible que l'intrigue résiste à l'action
épurative de nos élections multiples, générales, fréquentes. »
L'image de l'Immaculée Conception de la Vierge figure désormais sur les étendards des insurgés.
L'exécutif est confié à trois primats : Giafferi, Paoli et Ceccaldi.
était l'homme qui présidait aux destinées de la Corse vers l'année
1767. Nous devons signaler à cette époque un fait sans importance par
rapport à l'histoire générale de la Corse, mais qui mérite d'être
remarqué, parce qu'il ne contribua pas peu à la fortune de la famille
Bonaparte. En 1767, Charles Bonaparte était secrétaire de Paoli ; il
épousa Laetitia Ramolino qui donna le jour deux années après à
Napoléon, dont Paoli fut le parrain.
admirait les prodiges de son génie. Le grand Frédéric lui envoya une
épée d'honneur dont la lame portait pour inscription : Patria, Libertas !
J.-J. Rousseau écrivait sur l'avenir de cette île célèbre la plus noble
prophétie que jamais peuple ait vu réaliser à son profit. Le monde
entier avait les yeux sur ce berceau de héros et de grands hommes. Mais
que faisait Gênes en ce temps-là ? Expulsée tout à fait de la Corse,
menacée presque dans ses murs, grâce aux efforts prodigieux de Paoli,
qui non seulement voulut améliorer le pays, mais qui songea à lui créer
des forces maritimes, elle supplia la cour de Versailles de venir à son
secours ; mais trompée dans son espoir de ce côté, puis humiliée des
mille défaites qu'elle avait subies coup sur coup, elle céda enfin à la
France ses droits sur une contrée qu'elle ne pouvait plus asservir.
(15 mai),
le comte de Marbeuf
parut avec une armée sur les côtes
d'Ajaccio, pour soumettre tout le pays. La soumission eut lieu, mais
non pas sans beaucoup de sang répandu de part et d'autre. Paoli,
quoique réduit à des forces très peu considérables et à l'occupation de
quelques petits forts sans importance, sut résister au marquis de
Chauvelin, qui avait remplacé M. de Marbeuf. M. de Vaux succéda au
marquis de Chauvelin ; une action générale fut engagée près de
Ponte-Nuovo, et Paoli, poursuivi de près, écrasé par le nombre, ne dut
son salut qu'à la vitesse de son cheval. Il se réfugia en Angleterre,
royaume auquel il avait voulu soumettre sa patrie.
souveraineté de la France. Paoli parvint, il est vrai, sous la Terreur,
à délivrer l'île d'une domination qu'il jugeait nuisible aux intérêts
de ses compatriotes, et à la soumettre aux Anglais. Mais ceux-ci furent
chassés de l'île, lors de l'invasion de l'Italie par les armées de la
République. Telle est, en résumé, l'histoire de la Corse, peuplée
encore aujourd'hui par une race d'hommes braves, courageux,
intelligents et qui conservent à un très haut degré l'amour de la
patrie.
de vingt-trois ans,
Charles Bonaparte,
descendant d'une famille
d'hommes de loi anoblis, d'origine toscane, qui s'étaient établis à
Ajaccio, au commencement du XVIIe siècle. Charles Bonaparte
était un homme de mœurs douces qui avait épousé une femme célèbre par
sa beauté,
Laetitia Ramolino
.
Ils eurent pour fils Napoléon.
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